Last Updated on 2 semaines by Bertrand Bret
Depuis longtemps, je suis sur les réseaux sociaux celui qui se cache derrière le compte de BoudoirShibari. En somme, celui qui pratique avec amour le Shibari, et avec passion la photographie. A vrai dire, cela pourrait très bien être l’inverse. Mais la raison qui m’a poussé à rédiger cet article, qui complète notre nouvelle rubrique Arts érotiques est simple : je le considère comme un amateur.
En effet, étymologiquement parlant un amateur vient du latin amator, qui signifie « celui qui aime ». Et moi Bertrand, je me reconnais dans cet amateurisme là. Au fond, c’est aussi ce qui caractérise l’organisation de mes soirées libertines depuis 2002. Je vous présente donc Emmanuel R dans un triptyque qui s’articule autour de trois thèmes : le bondage, l’érotisme, la photographie.
La passion du shibari est un art qui capture l’émotion
Le Shibari c’est un jeu de contact des cordes sur le corps. Donc une caresse qui se prolonge indéfiniment, une emprise d’une personne qui attache une autre personne. En définitive, la réelle difficulté, outre la technique qui permet de s’assurer de pratiquer en sécurité, c’est surtout de maintenir ce lien émotionnel entre les deux personnes. Au fond, un mélange de tension érotique et de domination.
Etonné de l’effet que peuvent produire ses cordes sur des personnes qu’il attache pour la première fois. Il a spécialement travaillé cet aspect et s’inspire en particulier de Bingo Shigonawa. Il y a des personnes qui jouissent d’un simple touché sur la paume des mains, et cela le fascine. Les cordes c’est bien souvent une redécouverte du corps, de la sensualité. Mais aussi du plaisir de prendre son temps à jouer avec le corps de l’autre.
La passion de la photographie est un art qui capture l’esthétisme
La photographie c’est avant tout de la psychologie. Qu’est que l’on va percevoir de l’autre ?, qu’est ce qu’il va nous autoriser à voir ?. Et pour cela il faut beaucoup de sensibilité. Encore une fois beaucoup plus que de technique. Et comme Emmanuel photographie essentiellement des gens nus ou partiellement nus. Il faut donc réussir à établir rapidement une relation de confiance. et savoir énormément improviser. Encore plus lorsqu’il s’agit d’érotisme et de mise en scène du corps. Et c’est cela qui le passionne.
L’expression de l’érotisme dans la photographie et le Shibari
Ses influences sont étonnamment issues non pas tant de photographes érotiques : Sean Archer ou Lys Tiger, mais essentiellement de photographes de mode. En définitive, bien souvent des photographes femmes : Irene Rudnyk, Jessica Kobeissi, Rachel Gulotta. La sensibilité est très différente de celles des hommes qui cherchent surtout à mettre en scène leurs fantasmes. En effet, il joue beaucoup sur le contraste femme dominante, hautaine / femme attachée.
Finalement, Emmanuel travaille la nudité comme une fierté qu’il serait normal d’exposer. A cet égard, beaucoup de modèles ont un rapport complexé à leur corps. Mais la photographie, dans une approche valorisante, leur permet de le redécouvrir d’une autre manière.
Il aimerait aussi apprendre les bases du make up ou collaborer avec une MUA (make up artist) pour aller encore plus loin dans cette analogie. De même, explorer l’utilisation de la lumière noire en photographie. Ensuite, créer ses propres cordes shibari, enfin, apprendre le body painting. Cela donne encore à voir le corps d’une manière différente. C’est lui qui choisi les détails qu’il souhaite mettre en valeurs avec les peintures fluorescentes. C’est à la fois très ludique et un peu magique.
L’inscription du triptyque dans un parfait amateurisme
Les deux sont purement des passions, ce n’est pas son métier et il ne le souhaite pas. Il souhaite garder beaucoup de liberté et d’indépendance dans ses créations. Et pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté entre sa pratique intime du shibari et les photographies de celui-ci, les deux pratiques sont complètement séparées. Encore beaucoup à apprendre dans les deux domaines et ce challenge le stimule énormément. Mais son plus grand plaisir est de rencontrer des fans sur ses expositions.
Ensuite, discuter de toutes les anecdotes de shooting, des ressentis des photos ou des émotions du shibari. Que sera son prochain défi ? : réussir à exposer à l’étranger, il a déjà quelques pistes intéressantes . C’est tout le mal que nous lui souhaitons…
Sachez qu’ Emmanuel expose jusqu’au 11 juin 2018 à Paris, à la Vénus noire.
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Crédits Photos : © Boudoirshibari